Hervé Martineau

Maçon piseur

Hervé Martineau
Maçon piseur

GRANDEUR, DÉCADENCE… ET RENAISSANCE DU PISÉ

« Même si on construit peu en pisé, de plus en plus d’architectes s’y intéressent, on peut faire des constructions contemporaines avec le pisé, c’est même par ce biais que ce matériau redevient à la mode : il a une texture très intéressante, qui plait. Ce matériau brut peut être laissé brut, la tendance est à cela : matériaux bruts, textures naturelles… Il y a vraiment une envie de renouer avec cette technique, une technique très simple et très accessible mais qui ne se fait plus car elle a été « oubliée » après la guerre.
Les maisons ont été remplacées par des maisons en mâchefer puis en aggloméré de ciment ou parpaing, il n’y a pas eu de transmission de savoir-faire du pisé, on ne trouve pratiquement plus aucun maçon qui sache faire du pisé, ou qui l’aurait appris de son père ou de son grand-père.
Donc il faut être formé.

QUELLE(S) FORMATION(S) ?
Des groupes de travail se sont formés pour rédiger des guides de bonnes pratiques sur le pisé, la bauge, le torchis, la terre allégée, les enduits terre, les briques de terre crue… C’est en train de se faire, cela prendra du temps. L’objectif est d’avoir un guide qui tienne compte des différentes façons de construire, ce n’est pas un livre de recettes, ce guide sera normatif pour pouvoir encadrer les constructions neuves mais aussi les réhabilitations en pisé.

PISÉ ET ENVIRONNEMENT
On sent qu’il y a un engouement pour cette technique, grâce à un aspect environnemental qui est mis en avant, de plus en plus, par les plans de développement de l’état visant à trouver de nouveaux systèmes constructifs non industrialisés, peu énergivores et dotés d’un cycle de vie court (on prend la terre dans le sol, on en fait des murs, qui en fin de vie, quelques siècles plus tard, retournent à la terre.

LE COÛT DU PISÉ
C’est une technique qui est plus onéreuse que de couler du béton dans des banches, il faut beaucoup de main-d’œuvre et l’installation est beaucoup plus longue, c’est donc plus cher à l’achat.

PISÉ ET ÉCONOMIE LOCALE
Nous répondons aux appels d’offre lorsqu’il y a des enduits à la chaux ou à la terre. Il y a de plus en plus de demandes car les élus ou maitres d’œuvre – architectes, bureaux d’études – commencent à connaître les particularités du pisé et font appel à des entreprises « qui savent faire » et la particularité qui nous met un peu en avant sur certains projets est qu’on essaye d’utiliser au maximum les matériaux qui sont sur place : pour notre sable par exemple nous faisons une étude de carrières pour trouver la carrière la plus proche et faire des essais avec , pour avoir le circuit économique le plus court possible.
Les projets contemporains qui se font actuellement mélangent plusieurs matériaux : le bois, l’acier, le béton… On a souvent des approches avec des structures brutes, le matériau se prête bien à cela.

HYGROMÉTRIE ET CHANGEMENTS DE PHASES
Une autre particularité du pisé est d’être un matériau à changements de phases. De nombreux bureaux d’études travaillent actuellement sur des matériaux à changement de phase qui semble-t-il pour l’instant seraient extrêmement moins performants que le pisé… Ils mettent des millions d’euros à étudier ces produits-là alors qu’on en a un sous la main !

LE PISÉ MOINS PERFORMANT QUE LES « MAISONS PASSIVES » ?
Il est très simple de faire du passif aujourd’hui, des maisons performantes. Le seul point négatif qui nous revient depuis une quinzaine d’année que cela se fait, c’est que les gens ne savent plus utiliser leurs maisons devenues « compliquées »… C’est le seul retour négatif, au niveau de la conception et de la réalisation, c’est très au point, mais il faut être un peu technicien pour que ça fonctionne vraiment bien…

COMPORTEMENT THERMIQUE DU PISÉ
Avec le pisé, on ne peut pas parler de matériau isolant, cependant il a de bonnes caractéristiques hygrométriques : il permet, sans VMC (ventilation mécanique contrôlée) d’avoir une hygrométrie extrêmement stable : il fait rarement sec et rarement humide, le pisé se charge de régler cela. L’autre intérêt du pisé, c’est d’avoir des murs « masse » qui emmagasinent la chaleur que vous leur donnez et qui la restituent lors des baisses de température, ce qui donne un chauffage extrêmement linéaire, contrairement à des maisons à faible inertie où « vous chauffez, ça chauffe, vous arrêtez de chauffer, ça ne chauffe plus »…

PISÉ ET ISOLATION
à propos d’isolation, dans les projets neufs, on mettra rarement du pisé au nord, dans des projets contemporains, on les installera plutôt côtés sud et ouest pour qu’ils se chargent en soleil avant de le restituer pendant la nuit. Pour les autres façades on choisira plutôt des matériaux isolants comme la brique, le bois, car le pisé se prête à l’assemblage avec d’autres matériaux… Un projet tout pisé n’est pas forcément très logique…

RENOVATION ET ISOLATION
Quand nous intervenons sur de l’ancien, on nous demande souvent d’isoler, notre réponse est : on n’isole pas, sauf éventuellement les murs au nord. Le principal problème est d’avoir une paroi étanche et de ne pas pouvoir gérer les migrations capillaires. Les enduits étanches extérieurs couplés avec des isolants polystyrène ou laine de verre avec le placoplatre qui vient après…C’est la catastrophe ! »

 

 

Hervé Martineau

Maçon piseur

Hervé Martineau
Maçon piseur

GRANDEUR, DÉCADENCE… ET RENAISSANCE DU PISÉ

« Même si on construit peu en pisé, de plus en plus d’architectes s’y intéressent, on peut faire des constructions contemporaines avec le pisé, c’est même par ce biais que ce matériau redevient à la mode : il a une texture très intéressante, qui plait. Ce matériau brut peut être laissé brut, la tendance est à cela : matériaux bruts, textures naturelles… Il y a vraiment une envie de renouer avec cette technique, une technique très simple et très accessible mais qui ne se fait plus car elle a été « oubliée » après la guerre.
Les maisons ont été remplacées par des maisons en mâchefer puis en aggloméré de ciment ou parpaing, il n’y a pas eu de transmission de savoir-faire du pisé, on ne trouve pratiquement plus aucun maçon qui sache faire du pisé, ou qui l’aurait appris de son père ou de son grand-père.
Donc il faut être formé.

QUELLE(S) FORMATION(S) ?
Des groupes de travail se sont formés pour rédiger des guides de bonnes pratiques sur le pisé, la bauge, le torchis, la terre allégée, les enduits terre, les briques de terre crue… C’est en train de se faire, cela prendra du temps. L’objectif est d’avoir un guide qui tienne compte des différentes façons de construire, ce n’est pas un livre de recettes, ce guide sera normatif pour pouvoir encadrer les constructions neuves mais aussi les réhabilitations en pisé.

PISÉ ET ENVIRONNEMENT
On sent qu’il y a un engouement pour cette technique, grâce à un aspect environnemental qui est mis en avant, de plus en plus, par les plans de développement de l’état visant à trouver de nouveaux systèmes constructifs non industrialisés, peu énergivores et dotés d’un cycle de vie court (on prend la terre dans le sol, on en fait des murs, qui en fin de vie, quelques siècles plus tard, retournent à la terre.

LE COÛT DU PISÉ
C’est une technique qui est plus onéreuse que de couler du béton dans des banches, il faut beaucoup de main-d’œuvre et l’installation est beaucoup plus longue, c’est donc plus cher à l’achat.

PISÉ ET ÉCONOMIE LOCALE
Nous répondons aux appels d’offre lorsqu’il y a des enduits à la chaux ou à la terre. Il y a de plus en plus de demandes car les élus ou maitres d’œuvre – architectes, bureaux d’études – commencent à connaître les particularités du pisé et font appel à des entreprises « qui savent faire » et la particularité qui nous met un peu en avant sur certains projets est qu’on essaye d’utiliser au maximum les matériaux qui sont sur place : pour notre sable par exemple nous faisons une étude de carrières pour trouver la carrière la plus proche et faire des essais avec , pour avoir le circuit économique le plus court possible.
Les projets contemporains qui se font actuellement mélangent plusieurs matériaux : le bois, l’acier, le béton… On a souvent des approches avec des structures brutes, le matériau se prête bien à cela.

HYGROMÉTRIE ET CHANGEMENTS DE PHASES
Une autre particularité du pisé est d’être un matériau à changements de phases. De nombreux bureaux d’études travaillent actuellement sur des matériaux à changement de phase qui semble-t-il pour l’instant seraient extrêmement moins performants que le pisé… Ils mettent des millions d’euros à étudier ces produits-là alors qu’on en a un sous la main !

LE PISÉ MOINS PERFORMANT QUE LES « MAISONS PASSIVES » ?
Il est très simple de faire du passif aujourd’hui, des maisons performantes. Le seul point négatif qui nous revient depuis une quinzaine d’année que cela se fait, c’est que les gens ne savent plus utiliser leurs maisons devenues « compliquées »… C’est le seul retour négatif, au niveau de la conception et de la réalisation, c’est très au point, mais il faut être un peu technicien pour que ça fonctionne vraiment bien…

COMPORTEMENT THERMIQUE DU PISÉ
Avec le pisé, on ne peut pas parler de matériau isolant, cependant il a de bonnes caractéristiques hygrométriques : il permet, sans VMC (ventilation mécanique contrôlée) d’avoir une hygrométrie extrêmement stable : il fait rarement sec et rarement humide, le pisé se charge de régler cela. L’autre intérêt du pisé, c’est d’avoir des murs « masse » qui emmagasinent la chaleur que vous leur donnez et qui la restituent lors des baisses de température, ce qui donne un chauffage extrêmement linéaire, contrairement à des maisons à faible inertie où « vous chauffez, ça chauffe, vous arrêtez de chauffer, ça ne chauffe plus »…

PISÉ ET ISOLATION
à propos d’isolation, dans les projets neufs, on mettra rarement du pisé au nord, dans des projets contemporains, on les installera plutôt côtés sud et ouest pour qu’ils se chargent en soleil avant de le restituer pendant la nuit. Pour les autres façades on choisira plutôt des matériaux isolants comme la brique, le bois, car le pisé se prête à l’assemblage avec d’autres matériaux… Un projet tout pisé n’est pas forcément très logique…

RENOVATION ET ISOLATION
Quand nous intervenons sur de l’ancien, on nous demande souvent d’isoler, notre réponse est : on n’isole pas, sauf éventuellement les murs au nord. Le principal problème est d’avoir une paroi étanche et de ne pas pouvoir gérer les migrations capillaires. Les enduits étanches extérieurs couplés avec des isolants polystyrène ou laine de verre avec le placoplatre qui vient après…C’est la catastrophe ! »

 

 

Hervé Martineau

Maçon piseur

Hervé Martineau
Maçon piseur

GRANDEUR, DÉCADENCE… ET RENAISSANCE DU PISÉ

« Même si on construit peu en pisé, de plus en plus d’architectes s’y intéressent, on peut faire des constructions contemporaines avec le pisé, c’est même par ce biais que ce matériau redevient à la mode : il a une texture très intéressante, qui plait. Ce matériau brut peut être laissé brut, la tendance est à cela : matériaux bruts, textures naturelles… Il y a vraiment une envie de renouer avec cette technique, une technique très simple et très accessible mais qui ne se fait plus car elle a été « oubliée » après la guerre.
Les maisons ont été remplacées par des maisons en mâchefer puis en aggloméré de ciment ou parpaing, il n’y a pas eu de transmission de savoir-faire du pisé, on ne trouve pratiquement plus aucun maçon qui sache faire du pisé, ou qui l’aurait appris de son père ou de son grand-père.
Donc il faut être formé.

QUELLE(S) FORMATION(S) ?
Des groupes de travail se sont formés pour rédiger des guides de bonnes pratiques sur le pisé, la bauge, le torchis, la terre allégée, les enduits terre, les briques de terre crue… C’est en train de se faire, cela prendra du temps. L’objectif est d’avoir un guide qui tienne compte des différentes façons de construire, ce n’est pas un livre de recettes, ce guide sera normatif pour pouvoir encadrer les constructions neuves mais aussi les réhabilitations en pisé.

PISÉ ET ENVIRONNEMENT
On sent qu’il y a un engouement pour cette technique, grâce à un aspect environnemental qui est mis en avant, de plus en plus, par les plans de développement de l’état visant à trouver de nouveaux systèmes constructifs non industrialisés, peu énergivores et dotés d’un cycle de vie court (on prend la terre dans le sol, on en fait des murs, qui en fin de vie, quelques siècles plus tard, retournent à la terre.

LE COÛT DU PISÉ
C’est une technique qui est plus onéreuse que de couler du béton dans des banches, il faut beaucoup de main-d’œuvre et l’installation est beaucoup plus longue, c’est donc plus cher à l’achat.

PISÉ ET ÉCONOMIE LOCALE
Nous répondons aux appels d’offre lorsqu’il y a des enduits à la chaux ou à la terre. Il y a de plus en plus de demandes car les élus ou maitres d’œuvre – architectes, bureaux d’études – commencent à connaître les particularités du pisé et font appel à des entreprises « qui savent faire » et la particularité qui nous met un peu en avant sur certains projets est qu’on essaye d’utiliser au maximum les matériaux qui sont sur place : pour notre sable par exemple nous faisons une étude de carrières pour trouver la carrière la plus proche et faire des essais avec , pour avoir le circuit économique le plus court possible.
Les projets contemporains qui se font actuellement mélangent plusieurs matériaux : le bois, l’acier, le béton… On a souvent des approches avec des structures brutes, le matériau se prête bien à cela.

HYGROMÉTRIE ET CHANGEMENTS DE PHASES
Une autre particularité du pisé est d’être un matériau à changements de phases. De nombreux bureaux d’études travaillent actuellement sur des matériaux à changement de phase qui semble-t-il pour l’instant seraient extrêmement moins performants que le pisé… Ils mettent des millions d’euros à étudier ces produits-là alors qu’on en a un sous la main !

LE PISÉ MOINS PERFORMANT QUE LES « MAISONS PASSIVES » ?
Il est très simple de faire du passif aujourd’hui, des maisons performantes. Le seul point négatif qui nous revient depuis une quinzaine d’année que cela se fait, c’est que les gens ne savent plus utiliser leurs maisons devenues « compliquées »… C’est le seul retour négatif, au niveau de la conception et de la réalisation, c’est très au point, mais il faut être un peu technicien pour que ça fonctionne vraiment bien…

COMPORTEMENT THERMIQUE DU PISÉ
Avec le pisé, on ne peut pas parler de matériau isolant, cependant il a de bonnes caractéristiques hygrométriques : il permet, sans VMC (ventilation mécanique contrôlée) d’avoir une hygrométrie extrêmement stable : il fait rarement sec et rarement humide, le pisé se charge de régler cela. L’autre intérêt du pisé, c’est d’avoir des murs « masse » qui emmagasinent la chaleur que vous leur donnez et qui la restituent lors des baisses de température, ce qui donne un chauffage extrêmement linéaire, contrairement à des maisons à faible inertie où « vous chauffez, ça chauffe, vous arrêtez de chauffer, ça ne chauffe plus »…

PISÉ ET ISOLATION
à propos d’isolation, dans les projets neufs, on mettra rarement du pisé au nord, dans des projets contemporains, on les installera plutôt côtés sud et ouest pour qu’ils se chargent en soleil avant de le restituer pendant la nuit. Pour les autres façades on choisira plutôt des matériaux isolants comme la brique, le bois, car le pisé se prête à l’assemblage avec d’autres matériaux… Un projet tout pisé n’est pas forcément très logique…

RENOVATION ET ISOLATION
Quand nous intervenons sur de l’ancien, on nous demande souvent d’isoler, notre réponse est : on n’isole pas, sauf éventuellement les murs au nord. Le principal problème est d’avoir une paroi étanche et de ne pas pouvoir gérer les migrations capillaires. Les enduits étanches extérieurs couplés avec des isolants polystyrène ou laine de verre avec le placoplatre qui vient après…C’est la catastrophe ! »

 

 

Magued Sabbagh

René Deschamps

Mr et Mme Bellaton

Cristian Ochoa

MAÇON PISEUR

Nicolas Meunier

Mr et Mme Wismer

Milena Stefanova

Hervé Martineau

Vincent Rigassi

Jean-Philippe Bosland